Le 6 janvier 2009 : Emil Nolde Conférence de Geneviève Droz faite à Thélème. Compte-rendu : Monique Astruc

 

 

 

Emil Nolde, entre avant-garde et traditions

 

Conférence de Geneviève Droz faite à Thélème (6 janvier 2009)

 

Geneviève Droz a choisi d’évoquer dans sa conférence trois moments essentiels de la vie de l’artiste : la décennie 1902-1912, le grand voyage de l’année 1913-14 et les années sombres du 3e Reich, ainsi que 3 aspects de son œuvre : la peinture religieuse, les paysages et les peintures « non peintes ».

Rappel historique : Après le mouvement « sécession » berlinois du XIXe siècle qui coupe avec le réalisme et le carcan des règles académiques, naît en 1905 l’Expressionnisme. Les mouvements allemands les plus connus sont à Dresde,  « die Brücke » (Heckel, Kirchner, Schmidt-Rottluff) et à Munich, « der blaue Reiter » (Kandinsky et Franz Marc). Trois maîtres mots définissent cette peinture : le retour à la nature (« echt » : authentique, primitif) ; la spontanéité du trait ; les couleurs très pures, même criardes, dissonantes.

 

Vie de l’artiste

Emil Nolde a vécu de 1867 à 1956. Son véritable nom est Emil Hansen et il est issu d’une lignée de paysans du village de Nolde dans le Schleswig-Holstein à la frontière du Danemark. Ebéniste de formation, il fait l’école d’arts appliqués à Carlsruhe et vient assez tard à la peinture. C’est un homme qui a vécu en marge des bouleversements du monde.

1. Décennie  1902-1912 : période d’explosion créatrice

Il se marie en 1902 avec Ada et prend le nom de son village, Nolde. C’est un homme enraciné dans sa terre natale. En 1906 il fait la connaissance des jeunes peintres du mouvement « die Brücke », mais il ne tarde pas à rompre et repart après une « parenthèse » berlinoise ; en effet, la vie facile des lieux de plaisir et des cabarets berlinois ne convient pas non plus à cet homme solitaire et attaché à la nature.

En 1910-1912, c’est une période d’inspiration religieuse : il commence sa « grande œuvre », la Vie du Christ, qui sera considérée plus tard par les nazis comme infamante.

 

2. 1913-1914 : l’année du grand voyage.

Il traverse la Russie, la Sibérie, le Japon, la Chine, et va jusqu’aux Philippines et en Nouvelle Guinée alors colonie allemande. Il accompagne une mission scientifique chargée d’étudier les caractéristiques raciales des populations : il fait beaucoup de croquis et d’aquarelles prévus pour être repris plus tard en toiles. En Nouvelle Guinée, il a le sentiment de suivre les traces de Gauguin et  trouve là une humanité  « pure »  non  ravagée par la civilisation. La guerre éclate, il rentre mais à son retour ses malles lui sont en grande partie confisquées par les Anglais et beaucoup de toutes ses études sont perdues.

 

3. Les années sombres du 3e Reich : 1933-1945

Nolde, comme citoyen, a incontestablement eu des affinités avec le nazisme, au moins dans  les premières années du Régime. Mais il en a été aussi, à partir de 1937, l’une des premières victimes.  Comme artiste, même s’il a toujours cherché à « contribuer à la germanité de l’art allemand », il n’a jamais mis son art au service des nazis. A ses risques et périls…

A partir de 1937, les malheurs du peintre commencent : 1052 de ses toiles sont confisquées dans les musées allemands ; il figure à la première exposition d’art dégénéré (« entarte Kunst ») faite pour ridiculiser les artistes (« peuple allemand, viens et juge toi-même »). Nolde perd alors toute sympathie pour le régime. Il essaie toutefois de s’en rapprocher en écrivant à Goebbels le 2 juillet1938, mais la répression continue, et le 23 août 1941, il lui est interdit d’exercer toute activité artistique. On lui confisque toiles, peintures et pinceaux.

Il résiste à sa manière et de 1941 à 1945, peint des aquarelles sur des morceaux de papier qu’il appelle des « peintures non peintes »,

A la fin de la guerre, son œuvre est dispersée et brûlée. Peu à peu réhabilité, il se consacre à la peinture de paysages. En 1957, un an après sa mort, sa demeure de Seebüll devient musée.

 

Aspects de l’œuvre :

 

1. Peinture religieuse

Nolde est considéré « comme un des plus grands peintres religieux du XXe siècle, avec Rouault ». En 1909, une guérison qu’il considère comme miraculeuse, le pousse de manière irrépressible à peindre des toiles d’inspiration religieuse (la Cène, la Vie du Christ, en 1912). Expressivité des visages et radicalité des couleurs caractérisent ces œuvres.

 

2. Paysages

Nolde peint inlassablement jusqu’à la fin de sa vie des paysages.  La contemplation de la nature est une forme de religiosité primitive, immédiate (le panthéisme est un héritage du romantisme allemand) : s’unir à la nature, c’est s’unir à Dieu.

Comme Van Gogh avec lequel il ne veut pas être identifié, il peint des tournesols, mais les siens sont « enracinés » alors que ceux de Van Gogh sont des fleurs coupées…

La mer est un de ses thèmes favoris.

 

3. Les peintures non peintes (ungemalte Bilder)

Après la confiscation de son matériel de peintre, il peint à l’aquarelle sur n’importe quel support (papier, carton). Ce sont des « fantaisies » très émouvantes, des scènes imaginaires et d’admirables paysages.

 

 

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