Les arbres remarquables du Jardin des Plantes.

17 Septembre 2010. Jean-Louis ROUSSEL et Régis MEUZERET

 

 

 

Le 17 septembre 2010, Jean-Louis Roussel, notre président, et Régis Meuzeret, technicien espaces verts au Jardin, nous ouvrent les grilles pour découvrir « Les arbres remarquables du Jardin », le thème de cette visite.

La météo nous annonce un temps détestable mais fort heureusement tout le monde peut se tromper !

 


Dès l’entrée un immense Micocoulier de Provence (Celtis australis L.), vieux de 220 ans, mesurant 25 m de haut et 4,6 m de circonférence, appartenant à la famille des Ulmaceae, nous impressionne par sa taille et son équilibre. Son feuillage est très caractéristique, les feuilles alternes sont réches, et leur limbe est denticulé. Les micocoules sont les fruits charnus (drupes) comestibles qui servent à la confection de « l’alcool des fenêtres » par macération dans l’alcool sur les fenêtres ! Tandis que son bois convient parfaitement à la confection de manches d’outils, ses branches remarquablement souples s’adaptent à la fabrication des manches de fouet, cravaches et des traditionnelles fourches de Sauve (Gard).

 


L’assistance, très studieuse , prend très consciencieusement des notes !

 


L’autre arbre caractéristique des paysages méditerranéens est l’Olivier (Olea europea L.) appartenant à la famille des Oleaceae dont le fruit bien connu des amateurs, l’olive, est également une drupe qui fournit l’huile vierge par première pression à froid. Sa silhouette noueuse d’une exceptionnelle longévité doit sa symbolique de paix, de sagesse et d’éternité à une puissance de végétation légendaire. Le feuillage persistant est formé de feuilles opposées, ovales, allongées, coriaces, enroulées sur les bords.

Ce spécimen âgé de 1300 ans  est inhabituel par sa dimension car il n’est pas taillé. L’olivier peut donc prendre des proportions non négligeables quand on le laisse pousser spontanément, proportions que l’on n’a pas l’habitude de voir dans nos régions. Jean-Louis en profite pour nous expliquer que la feuille a deux faces bien distinctes : la face supérieure d’un vert foncé luisant, vernissée, imperméable, et la face inférieure d’un vert clair, argenté. Jusque là pas de surprise. Mais l’aspect velouté du dessous de la feuille est lié à la présence d’une multitude de petits poils en forme de parapluie qui se recouvrent les uns les autres et forment une couche continue et presque étanche. Ces parasols naturels limitent considérablement l’évaporation et participent fortement à l’aptitude de l’olivier à s’adapter aux zones sèches et arides. C’est encore un exemple de la fantastique capacité d’adaptation de la nature.

 


Ce chêne à feuilles de châtaigner (Quercus castanaeifolia C. A. Mey) a environ 180 ans (470) et fait partie de la famille des Fagaceae. C’est le plus beau spécimen de France ; il a été installé par de Candolle. L’éclat de son feuillage est surprenant, il porte des glands non pédonculés (cupule sessile). Son bois est prisé comme bois de tranchage car il n’a pas de nœud.

 


Le liquidambar d’Orient (Liquidambar orientalis Miller) est un arbre à feuillage caducde la famille des Hamamelidaceae. Il se développe naturellement en pyramide étroite. Sa feuille est souvent confondue avec celle de l’érable et dégage une odeur balsamique quand on la froisse. Son feuillage très décoratif prend une belles couleur rouge en automne . Le tronc présente une écorce fissurée gris foncé d’où s’écoule une résine huileuse aux nuances ambrées, ce qui lui a valu son nom « d’ambre liquide », du latin «  liquidus » et de l’arabe « ambar ». Cette résine à odeur de cannelle appelée « styrax » est un fixateur en parfumerie et possède des propriétés cicatrisantes en dermatologie sous le nom de « Baume du Pérou ».

 


Nous sommes attirés par des mûres géantes vertes portées par l’Oranger des Osages  (Maclura pomifera (Raf.) Schneid). C’est un arbre de la famille des Moraceae, espèce unique, dioïque du genre Maclura. Le feuillage est caduc et les pieds femelles produisent des fruits non comestibles, amers, de la taille d’une orange verte. Le nom commun vient de la tribu indienne des Osages qui utilisaient la teinture orange (maclurine) extraite du bois pour se peindre le visage et teindre leurs vêtements. Le bois était aussi utilisé pour fabriquer leurs arcs d’où le nom vernaculaire de bois d’arc.

 


Il y a 3 millions d’année le Camphrier du Japon était dans le Midi. Cinnamomum camphora (L.) J. Presl. appartient à la grande famille des Lauraceae qui est représentée par plus de 250 espèces dans le monde. C’est par distillation que le camphre est extrait du bois, de l’écorce et des feuilles du camphrier.

 


Le Cyprès chauve (Taxodium distichum L. C. Rich) est reconnaissable parmi les autres essences par son feuillage léger, gracieux et souple, formé de feuilles vert clair disposées en spirale sur les rameaux mais tordues à leur base ce qui les fait paraître disposées en deux rangs aplatis. Les fruits toxiques sont globuleux, composés de 10 à 15 écailles qui libéreront à maturité de grosses graines. Cet arbre, emblème de l’Etat de Louisiane, a une longévité de 300 à 500 ans, il est un témoin de la flore du Miocène. C’est une espèce remarquable pour son adaptation en milieu humide. Les cyprès chauves poussant dans les marais se distinguent par la croissance de racines aériennes particulières, les pneumatophores, qui ont pour double fonctions d’assurer d’une part l’oxygénation de l’arbre et d’autre part la stabilité et l’ancrage dans le sol. Son bois, sans maladie, est utilisé dans les constructions navales.

 


Nous passons devant la serre Martins, en restauration suivant les plans originaux. Reconstruite une première fois mais à pans rectilignes moins harmonieux, les travaux actuels lui redonnent cette forme élégante, galbée comme on l’aime.

 


A coté, l’If commun (Taxus bacata L.) est l’arbre funéraire, vénéré des Celtes. Le bois était utilisé au Moyen Age pour la fabrication des arcs, lances et boucliers. L’écorce est assez fine, les feuilles sont des aiguilles souples, plates, vert foncé dessus, vert clair dessous. L’If est une espèce dioïque, les cônes des pieds femelles sont verdâtres et forment de faux fruits charnus, rouge vif, nommés « arilles ». La chair des arilles n’est pas toxique, c’est la graine et toute la plante qui sont toxiques. La toxicité est due à un mélange d’alcaloïdes, les taxines, véritables poisons bulbaires. Mais d’autres alcaloïdes, les taxols, ont une activité anti-cancéreuse.

 


L’Arbre de Judée, Cercis siliquastrum L., est aussi appelé « gainier », de la famille des Fabaceae. Bien connu de nos régions, introduit par les Romains, l’Arbre de Judée possède des feuilles réniformes, vert bleuté, échancrées à la base qui sont ainsi bien reconnaissables. Les fleurs, comestibles, rose pourpre, apparaissent sur les branches anciennes avant les feuilles. Les fruits sont des gousses caractéristiques des Légumineuses.

 

 

 

 

 

La statue en pied de Pierre Richer de Belleval veille sur toutes ces merveilles. Fondateur de l’Hortus monspeliensis dont l’acte signé à Vernon par Henri IV le 8 décembre 1593 marque la véritable fondation du Jardin et traduit bien sa vocation.

L’Arbre des amoureux, ainsi appelé parce que les jeunes couples viennent déposer dans les multiples géodes de son écorce des mots doux, des vœux, des projets d’avenir. Phillyrea latifolia L., cette Oleaceae, typiquement méditerranéenne, a dû voir défiler des « escholiers » de la faculté de Médecine, guidés par leur Maître Pierre Richer de Belleval, médecin-botaniste.

 


Et voici l’arbre le plus anciennement connu , l’arbre préhistorique ayant survécu à tous les aléas de millions d’années : Ginkgo biloba L. ou « Arbre aux 40 écus ». Il provient d’une marcotte du « Ginkgo de Gouan » installée en 1795. Sa feuille bien particulière comporte une échancrure lui donnant cet aspect bilobé. La nervation n’est pas ramifiée comme dans la plupart des espèces, mais elle est distique : chaque nervure se divise en deux qui se divisent en deux à leur tour, etc.

 


Et c’est avec un soleil un peu palot que la visite se termine.

 

Merci Jean-Louis et Régis pour cet enrichissant moment.