Les enfants dans la peinture.

Conférence de Francis GENESTE. Jeudi 31 mars 2011.

Francis GENESTE commence sa conférence...
Francis GENESTE commence sa conférence...
...devant un public attentif !
...devant un public attentif !

COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE

Les enfants dans la peinture 

 

 

   C'est une « promenade » dans les œuvres d'art (plutôt qu'une conférence) à laquelle j'ai convié mon auditoire, avec, comme sujet, l'enfance, ce qui s'explique aisément!

 

   La 1° partie en est l'étude de la représentation de l'Enfant Jésus, sujet de prédilection du XIII° aux XVII° siècles (en gros) car l'Eglise en était souvent le commanditaire.

 

La représentation des vierges à l'enfant va évoluer dans le temps, passant des icônes Byzantines, aux vierges Romanes, aux « maestas » Siennoises, aux vierges d'humilité et de miséricorde Florentines, aux madones Gothiques.

 

C'est ainsi que l'Enfant Jésus d'abord exclusivement de nature divine (petit adulte en réduction!)Sur les genoux de vierges hiératiques, va progressivement s'humaniser, prendre les traits d'un véritable bébé, sur le sein d'une véritable maman, avec laquelle, il échange gestes et regards

 

En Flandre et en Hollande, le contexte du tableau est +proche de nous, presque »embourgeoisé » et, à la Renaissance, Raphaël et Léonard (entr’actes) tout en idéalisant la beauté de la mère, continuent à donner vie à l'enfant, suivis par les peintres Allemands (Dürer, Cranach) et Espagnols(Ribera)

 

L'Enfant Jésus peut quitter les genoux de sa mère, pour être « décliné »à travers les différentes phases de sa vie terrestre: nativité (la »crèche » vient d'être »inventée »par le Pauvre d'Assise!)Adoration des bergers et des mages, massacre des Sts Innocents, fuite en Egypte, représentation de la Ste Famille avec parfois l'enfant Jean Baptiste, véritable « catéchisme » en B.D, destiné à l'instruction et l'édification du peuple Chrétien de la Contre-réforme.

 

Jésus apparaitra aussi, dans un cortège d’angelots (les »putti » Italiens) qui se manifestent dans les différents moments de sa vie terrestre, souvent en jouant de la musique!

Le florilège de la vie des saints est prétexte de la présence d'enfants dans les tableaux correspondants!

 

Si le »grand genre »en peinture est religieux, il est aussi mythologique: Eros et Cupidon, enfants de l'Amour, aiguisent leur arc pour atteindre le cœur des malheureux humains, pendant que des »putti »volettent dans le ciel !!

 

Enfin, les représentations »allégoriques »se servent souvent de l'enfant pour caractériser l'innocence.

 

   Dans la 2°partie de l'exposé, c’est l'enfant, pour lui même, qui est peint. La Réforme, dans les pays du Nord, est à l'origine de ce changement de sujet: on en a assez du »grand genre » des tableaux religieux (cf.les iconoclastes!)Et l'on préfère les « scènes de genre »souvent qualifiées de mineures.

 

L'enfant pouvait être présent dans les fresques de Masaccio ou les tableaux de Ghirlandaio, par exemple, mais c'est exception, à coté de tous ces peintres Hollandais du « Siècle d'Or »:les bons bourgeois, enrichis par les compagnies Orientales, raffolent de ces scènes familiales, reprises en France par les 3 frères Le Nain (entre autres).

 

Dans les cours Royales, par contre, c'est la grande vogue desportraitsofficiels et solennels, de Van Dyck de Rubens ou Vélasquez, qui s'échangent pour négocier des mariages, sorte de traités de paix qui mettent fin à des guerres longues et coûteuses.

 

Tout cela me fournit le prétexte pour rappeler la façon dont on traite un enfant jusqu'au XVIII° siècle : souvent peu considéré (il n'est une « personne » qu'à 2ans) ondoyé à la naissance, il est mis en nourrice ou abandonné, et meurt souvent en bas-âge (40 à 60 %!).

S'il survit, son éducation est stricte et limitée et ce n'est qu'au XVIII) siècle après l »Emile » de Rousseau, qu'on s'intéresse à l'enfant (au moins chez les gens »aisés »!).

 

   On voit donc apparaître des peintres de l'Enfance : Greuze, Chardin, mais aussi Nattier, Lépicié, Mme Vigée-Lebrun, Fragonard   en Espagne: Murillo qui peint l'enfant infirme, œuvre de pitié.   En Angleterre, Reynolds (le Greuze Anglais!).

 

Au XIX°, donc, l’enfant a sa place dans la famille (du moins, dans la noblesse et la bourgeoisie!)Il en est »l'avenir »:on le « dresse » en conséquence et la petite fille est une épouse et une mère en puissance

Chez les + pauvres, c’est moins »rose »:les guerres Napoléoniennes et les révolutions utilisent les enfants et l'industrialisation de la fin du siècle en fait un instrument de travail à bon compte, avant la législation protectrice.

 

En peinture, on représente l'enfant comme un véritable sujet, même si, parfois, l’aspect moralisateur ou allégorique réapparait : les « impressionnistes » (Renoir, Monet, Manet, Berthe Morizot, Mary Cassat, Degas....) mais aussi Ingres, Cézanne, Bonnat, Seurat....la peinture d’histoire, avec Delaroche et les peintres « troubadour » la peinture religieuse des « préraphaélites «  vivent leurs derniers sursauts.

 

Au XX° siècle, Matisse, Picasso, Derain mais aussi Soutine Egon Schiele Munch et Balthus aiment représenter les enfants à leur manière mais toujours pour lui-même; puis la photographie prendra le relai!!

 

Petit clin d'œil, pour terminer à notre beau musée Fabre, où la peinture de l'enfant est présente sous toutes ses formes et à de nombreuses époques, autant dans la peinture que dans la sculpture.

 

   Et, pour conclure, c'était une vraie gageure de faire cet »exposé »mais en faire le "résumé" la gageure était encore bien pire : je l'ai tentée, en vous redisant tout le plaisir pris à rendre hommage à l’enfance, à travers sa représentation en peinture.

 

                                                                                                                 8/IV/2011   F.Geneste