JOURNEE SURPRISE LE 23 FEVRIER 2017 : PATRIMOINE INDUSTRIEL EN PROVENCE

Voyage accompagné par Chantal LABORDE et Danièle FAVEREAU

Compte rendu et photos : Marie-Claude MAXANT

Départ aux aurores. Nous retrouvons Chantal, Danielle, Guy, le groupe de Thélème, et découvrons notre destination : Apt pour la visite du Musée de l'Aventure industrielle et Salon pour celle de l'ancienne usine des Rampal-Latour, fabricants de savon de Marseille.

 

Le jour se lève, la journée est printanière et les amandiers en fleurs….

 

Arrivée à APT

Le "Musée de l'Aventure industrielle" est installé dans une partie de l'ancienne usine de fruits Marliagues.

 

Il retrace du 18ème siècle à nos jours l'histoire du pays et de ses habitants façonnée par son activité industrielle basée sur ses trois principales ressources naturelles :

 

          Les cultures fruitières pour la fabrication de fruits confits.

 

          L'argile pour la fabrication de faïences et céramiques.

 

          L'ocre pour la fabrication de pigments de couleurs.

 

A l'entrée de l'usine se trouve une sculpture d' Alexis Poitevin "l'allégorie de l'industrie" : une jeune femme répand l'eau (présente à toutes les étapes de cette Aventure) qui actionnera la machinerie du moulin. Elle traduit l'idéologie du milieu des fabricants " le travail, dans l'industrie et l'agriculture, contribue à offrir l'abondance et la vie"

 

 

I)  Les fruits confits
Premier producteur mondial de fruits confits, la France a hissé ce savoir-faire-artisanal au rang d'activité industrielle dynamique et innovante.

 

Apt en est le cɶur.

 

La société Kerry Aptunion qui regroupe les petites entreprises locales et familiales produit 10000 tonnes de fruits confits, soit plus de 86 % de la production mondiale.

 

Nous nous dirigeons vers les salles où se trouvent les différentes étapes de fabrication des fruits confits. A travers machines, maquettes et panneaux nous pouvons découvrir l'évolution des différentes techniques
 

Le confisage, évolution des techniques.

 

1)  Préparation du fruit :

 

Récolte, sélection, lavage, épluchage, dénoyautage, équeutage, découpage, et blanchiment.

 

2)  Mise en sirop des fruits

 

Les fruits égouttés sont plongés dans un sirop dont la teneur en sucre augmente au fur et à mesure du temps. Ils resteront dans une étuve où les conditions favorisent les échanges par osmose deux à trois semaines. Le sucre remplace progressivement  l'eau contenue dans le fruit.

 

3)  Egouttage et refroidissement 

 

Le fruit égoutté sera utilisé en pâtisserie.

 

4)  Glaçage 

 

Croquant à l'extérieur, il préserve le moelleux et la saveur du fruit qui se mange seul.

 

5) Emballage et étiquetage 

 

II)  Les ocres

 

L'utilisation de l'ocre est très ancienne puisque de la grotte Chauvet à celle de Lascaux nos ancêtres recherchaient ces terres colorées qui leur permettaient de créer des  œuvres  qui sont parvenues jusqu'à nous.

       

Origine :

 

Née au fond des mers à l'ère secondaire la roche qui générera l'ocre est un simple grès constitué par des grains de sable mêlés de débris organiques que vagues et courants accumuleront jusqu'à trente mètres d'épaisseur.

 

La mer asséchée, pluie, vent, oxydation donneront naissance à cette roche ferrique composée d'argile pure colorée par l'hématite (ocre rouge), la limonite (ocre brune), ou la goethite (ocre jaune) amalgamée aux grains de sable (80 % de sable et 20 % d'ocre).

 

Extraction  et traitements aux 19ème et 20ème siècles :

 

La maxime "de sang et d'or" résume bien que si l'ocre apporta la prospérité en pays d'Apt pendant un siècle il a été source de misère et de tragédies pour les ouvriers qui travaillaient dans les galeries sans aucun moyen d'extraction autre que pelles, pioches et brouettes.

 

Les réseaux d'extraction souterrains atteignirent des dimensions impressionnantes, celui de Gargas se développe sur 40 kilomètres.

 

Les conditions de travail étaient terribles, les ouvriers vivaient englués dans cette poudre qui envahissait aussi les habitations et polluait les cours d'eau.

 

L'ocre contenu dans le sable était extrait par lavage et décantation. Après séchage il était débité en briques, broyé, pulvérisé, chauffé parfois pour obtenir d'autres nuances. Mis en tonneaux pour l'expédition aux quatre coins du monde.

 

L'activité décline avec l'arrivée des colorants artificiels au milieu du 20ème siècle, mais on vit une reprise dès les années 1990 grâce à une nouvelle clientèle intéressée par ce produit fiable et naturel.

 

Si en France la Provence est la meilleure ambassadrice de l'ocre, les Pays scandinaves, l'Afrique et le Liban en sont très friands.

 

La dernière carrière est située à Gargas, elle est exploitée par la "Société des ocres de France".

 

III)  Céramiques architecturales et faïences fines

 

 

 

Bien avant l'arrivée des Romains les populations du pays d'Apt exploitaient les sols pour la production potière grâce à la qualité de ses argiles et ses terres d'ocres.

 

Outre la production de tuiles, briques et carrelages (dont la célèbre tomette) qui a perduré jusqu'en 2010, s'est développé une production de faïence fine (l'émail très fin laisse apparaître l'argile qui doit être très raffinée) moulée ou tournée.

 

Vers 1714 César Moulin ouvre une faïencerie d'où sortiront de magnifiques pièces. Aux pièces utilitaires (plats soupières tabatières etc...) succéderont des ɶuvres originales dont les "terres mélées" fabriquées à partir d'argiles de couleurs différentes avec des décors en terre blanche. Elles connaîtront un immense succès.

 

Ses fils s'établissent à Apt et introduisent la faïence fine jaspée.

 

Au 19ème siècle de nombreuses faïenceries sont crées et exportent dans le monde entier.

 

Puis vers 1860 vient la crise, les fabriques diversifient leur production en faisant de la faïence décorative. On ajoute peintures et reliefs à base de fruits, légumes, coquillages, animaux, on imite la vannerie.

 

Au 20ème siècle Léon Sagy inventera le flammé, il redonnera un nouvel élan à la production.

 

Au début du 21ème siècle on ne compte plus que deux artisans qui  continuent de reproduire des modèles anciens avec la même exigence.

 

Il est temps de se restaurer, nous faisons au "Manoir" un excellent repas. (photos Roselyne Guiraud)

 

Nous reprenons la route pour SALON, et faisons un petit tour de ville.

Puis c'est la visite de l'ancienne usine de fabrication "Rampal-Latour".

 

Depuis cinq générations cette famille met tout son savoir-faire, son intuition, son ingéniosité dans cet artisanat du savon de Marseille.

Après leur succès à l'exposition universelle de 1900, les Rampal affirment leur talent novateur et créent la première savonnette de toilette en1935.

Ils sauront surmonter la crise face aux détergents chimiques, et, tout en conservant la traditionnelle cuisson au chaudron, ils mettront au point une technique qui préserve la glycérine habituellement éliminée au lavage.

En outre leur technique utilise sept fois moins d'énergie et quatre fois moins d'eau.

Ils produisent 500 tonnes de savon par an et diffusent dans le monde entier.

 

Etapes de fabrication du savon :

 

1) Saponification :

 

          Les huiles (olive, palme, coprah) sont chauffées avec de la soude, on obtient du savon et de la glycérine.

 

2) Lavage à l'eau salée :

 

          Il élimine la soude.

 

3) Mise au repos et lavage à l'eau

 

4) Coulage, moulage et estampillage : 

 

          La pâte fluide est soit étalée, séchée et découpée en barres puis en cubes qui seront estampillés sur les six faces; soit mise sous forme de boudin (le bondon) puis formée dans des moules de bronze pour donner les savonnettes.

 

Après quelques achats stimulés par des senteurs irrésistibles nous finissons par un détour au magasin de la nouvelle usine.

 

Il est temps de regagner le car.

Organisateurs, accompagnateurs et chauffeur méritent bien tous nos remerciements pour cette journée si agréable.

Et de quoi parlons nous sur le chemin du retour ? de prochains voyages bien sûr !