ARCHITECTURE INNOVANTE A MONTPELLIER

VISITE GUIDEE AVEC LUC DOUMENC, YVES GODARD et ROBERT WALD

Commentaires : Robert PAILHOUS

Photos : Yves GODARD

Jeudi 4 Avril 2013 : une journée sous le signe de Rabelais

 

Célèbre depuis bien longtemps pour sa faculté de médecine où Rabelais obtint son titre de docteur, Montpellier l’est tout autant aujourd’hui, sinon plus, pour son architecture contemporaine.

Thélème, fidèle à sa conception d’ouverture culturelle, nous a donc proposé une visite guidée de trois bâtiments emblématiques de cette architecture innovante.

 

La nouvelle mairie de Montpellier

Réunis dès 10 heures dans le hall immense de cette nouvelle mairie, équipés d’audio-guides -bel investissement de notre association à l’initiative d’Yves Godard et de Robert Wald - nous avons pu commencer la visite sous la houlette de Luc Doumenc, architecte-urbaniste.

Ce bâtiment aux dimensions impressionnantes, gigantesques aurait dit Rabelais, œuvre de l’architecte international Jean Nouvel, prix Pritzker 2008, associé à l’architecte montpelliérain François Fontès, surprend tout d’abord par sa forme cubique et ses couleurs foncées, bleu sombre, bleu marine, gris argent et mordoré.

Situé au bord du Lez , au fond d’une immense place il semble jouer - selon les dires de Luc Doumenc - un rôle symbolique puissant, reflet d’une certaine conception du pouvoir municipal. Son éloignement du cœur de ville, sa rupture avec le tissu social, rendent pour l’instant sa fonctionnalité assez difficile.

Mais au cours de notre visite, accompagnés par un jeune urbaniste municipal qui avait suivi le projet et sa réalisation sur 4 ans, nous avons mieux perçu les qualités esthétiques et les prouesses techniques mises en œuvre. Jean Nouvel, toujours soucieux d’innover, a utilisé pour les différentes façades un procédé novateur, l’aluminium anodisé, qui permet d’obtenir 17 nuances de couleurs pour recréer l’illusion du ciel et ainsi « dématérialiser » le bâtiment.

L’intérieur du bâtiment n’est pas moins surprenant : jeu de matières, inox et bois précieux dans la salle du conseil, rideaux en maille Paco Rabanne dans la salle des Rencontres, plafonds du plasticien Alain Fleischer reproduisant d’anciens actes d’état civil dans le hall d’entrée ou des pellicules de vieux films sur la Révolution française dans la salle du conseil.

Prouesse technique aussi pour réaliser les galeries du bâtiment qui surplombent le patio et le plan d’eau et permettre ainsi l’ouverture de la mairie vers le Lez dans un axe Est-Ouest.

 

 

Le nouveau lycée hôtelier Georges Frêche

Inauguré en Septembre 2012, ce lycée remplit plusieurs fonctions. Il est un lieu d’enseignement qui accueille pour l’instant 700 élèves et les forme à tous les métiers de la restauration et de l’hôtellerie.

Nous y sommes arrivés à l’heure de passer à table dans le restaurant gastronomique pour apprécier les talents des élèves-apprentis, lycéens ou BTS. Le repas, dont nous tairons le menu, a satisfait les papilles de tous les convives, sans être pour autant pantagruélique.

Et pour clôturer le tout nous avons eu le privilège de la visite complète de ce lycée conçu par l’architecte Massimiliano Fuksas dont la réputation n’est plus à faire.

Toujours en compagnie de Luc Doumenc et avec un responsable du lycée comme cicérone nous avons pénétré dans les entrailles de ce complexe hôtelier : chambres, pâtisserie, boulangerie, cuisines… où nous avons rencontré les élèves en pleine activité sous la conduite de leurs professeurs. Fonctionnalité des installations, esthétique soignée de ces lieux, amabilité de l’accueil…un bon moment après le bon repas.

Retour à l’architecture. Ce lycée surprend lui aussi, mais par ses formes arrondies, ses courbes séduisantes, son revêtement fait de triangles de métal d’un beau gris argenté.

Sur un terrain exigu l’architecte a pu ainsi faire cohabiter des bâtiments professionnels, l’internat, un terrain de sport, un gymnase, des logements de fonction en évitant l’impression d’accumulation.

Pierres Vives

Déplacement maintenant en covoiturage pour nous rendre à l’autre bout de la ville, dans le quartier de la Mosson, et visiter le bâtiment conçu par Zaha Hadid.

Cette architecte, première femme à avoir obtenu le prix Pritzker en 2004, a voulu sur ce terrain de 10 hectares répondre à la demande du Conseil Général : intégrer dans cet ensemble architectural maison des savoirs et des loisirs, bibliothèque départementale et archives départementales.

Adepte du déconstructivisme au même titre que Frank Ghery (musée de Bilbao) ou Daniel Libeskind (musée juif de Berlin) elle a su rendre fluide et aérien un bâtiment de 200 m de long, 20 m de haut, 46 de large !

Toujours sous la conduite de Luc Doumenc accompagné cette fois par une jeune femme chargée d’architecture à Pierresvives nous avons pu comprendre comment avait été accomplie cette gageure : abriter 60 km d’archives, 300 000 ouvrages (livres, CD, DVD…) offrir des espaces d’exposition, un amphithéâtre pour conférences et spectacles tout en insérant ce bâtiment démesuré dans un quartier appelé à se développer harmonieusement.

Ainsi devant ce beau navire de béton et de verre une esplanade de 9000 m² sera bordée de logements, de commerces, d’une maison des sports…

Le bâtiment lui-même remplit bien les trois fonctions définies par Luc Doumenc :

- fonctionnalité et rôle social : permettre à la population la plus large possible d’accéder au savoir, d’où le choix de ces immenses panneaux vitrés qui semblent soutenir les structures en béton et qui rendent visibles ces biens culturels.

- esthétique avec le choix symbolique de ce bâtiment aux structures ramifiées représentant pour Zaha Hadid l’arbre de la connaissance.

-technique car l’architecte dessine, imagine vagues et contre vagues mais c’est ensuite aux ingénieurs et aux techniciens du bâtiment de trouver matériaux et solutions pour la réalisation.

Il faudrait encore évoquer les grandes lames cuivrées faisant office de pare-soleil et le superbe exercice de style sur la 5ème façade (le toit) où sont intégrées et dissimulées toutes les gaines techniques.

 

La seconde visite du 17 mai 2013 en images....

Concluons...

Enfin pour clore cette belle journée riche en savoirs, saveurs et émotions esthétiques nous voudrions associer le nom de ce bâtiment à celui de notre association en citant Rabelais :

« Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes. »