Paris 2, 3 et 4 Décembre 2014

Yves GODARD et Robert WALD

Texte de Yves Godard. Photos de Roselyne Guiraud

Le groupe Thélème...

Mardi 2 décembre

En ce jour anniversaire d’Austerlitz, Athéna, déesse des Arts, veillait sur Thélème et le voyage put commencer sous les meilleurs auspices. Malgré le parking complet qui nous fit craindre que certains n’arrivent à temps, malgré les voies ferrées roussillonnaises sous les eaux, malgré la manifestation des taxiteurs montpelliérains liée à l’inauguration de la nouvelle gare et le risque de blocage des voies notre TGV quitta Montpellier à l’heure exacte. Retrouvaille pour les uns, présentation pour les nouveaux venus, le voyage fut sans histoires bien qu’on parlât beaucoup tout au long du trajet…et que bon nombre d’histoires durent être racontées.  Arrivés Gare de Lyon, la morsure du froid nous fit remonter les cols et enfoncer les bonnets mais c’est sans encombre que nous pûmes nous installer dans ce qui est devenu notre pied-à-terre parisien : l’hôtel de Turenne, magnifiquement situé dans le Marais.

Après l’installation à l’hôtel, métro et petite balade à pied vont nous conduire au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris où Bénédicte nous attend pour commenter la très importante exposition consacrée à Sonia Delaunay (1885 – 1979). Sonia nous est surtout connue par ses œuvres abstraites, ses grandes figures circulaires très colorées et par le fait qu’elle a été l’épouse de Robert Delaunay. Bénédicte va s’attacher à nous présenter cette artiste de façon plus approfondie. Nous apprenons que Sonia est née près d’Odessa dans une famille appartenant à la haute société ukrainienne, qu’elle a bénéficié d’une solide éducation, qu’elle parlait quatre langues et qu’elle était extrêmement indépendante. A 21 ans, elle abandonne sa vie dorée pour aller à Paris s’initier à la peinture. Elle est très douée pour le dessin et passionnée par la couleur. Les œuvres de Gauguin et Matisse lui font une forte impression. Elle se marie avec le peintre théoricien Robert Delaunay très intéressé par le principe du contraste simultané des couleurs énoncé par Chevreul dont Yves nous avait expliqué au cours d’une conférence que ce principe était lié à la physiologie de l’œil. Désormais les œuvres de Robert et de Sonia se confondent, tous deux  sont à l’origine de l’abstraction dans les années 1910 avec Kandinski, Kupka, Mondrian, Léger  etc. Ils inventent le « Simultanéisme ».  La Révolution de 17  laisse le couple totalement désargenté ce qui conduit Sonia à ouvrir une entreprise de création de tissus aux motifs très colorés. Très à son aise pour tout ce qui est art appliqué, elle  crée des vêtements pour elle et ses amis, directement liés au simultanéisme. Sa créativité est sans limite et va s’exprimer jusqu’à un âge très avancé.

A la sortie de l’exposition nous remontons l’avenue Montaigne et faisons un tour sur les Champs-Elysées pour admirer les illuminations, puis nous nous rendons au Palais royal où Yves commente l’œuvre de Buren : « Les deux plateaux » qui comme toutes les œuvres de Buren établit un lien étroit entre : création utilisant l’outil visuel, environnement architectural et point de vue du spectateur.

Nous  reprenons le métro direction Buren et Louvre ....

Vingt-et-une heures. Au théâtre de Paris, Robert nous a réservé des places aux tous premiers rangs. La pièce « Kinship » avec Isabelle Adjani va susciter de nombreux commentaires mais ne laissera pas un souvenir impérissable pour nombre d’entre nous. La chaude ambiance du restaurant « Les comédiens », l’excellent filet de daurade royale, la gentillesse de la serveuse favorisent un beau moment de convivialité et c’est à une heure avancée que nous rejoignons nos chambres.

Mercredi 3 décembre

Le lendemain, rendez-vous au musée d’Orsay avec notre guide, Delphine, à dix heures. C’est une promenade enchantée qui nous attend dans ce magnifique écrin pour tant d’œuvres prestigieuses du XIXe siècle. Nous nous arrêtons quelques instants devant « La Danse » de Jean-Baptiste Carpeaux, que nous retrouverons le lendemain sur la façade de l’Opéra Garnier, La petite danseuse de Degas, des éléments de la « Porte d’Enfer » de Rodin etc. En peinture, ce sont les œuvres naturalistes de Rosa Bonheur ou de Millet qui nous accueillent, celles de Courbet avec « Un enterrement à Ornans », puis l’on passe de Cabanel et sa « Vénus », à Manet « Le déjeuner sur l’herbe » et « Olympia » ou encore à Monet « Les coquelicots », la série des «  Cathédrales de Rouen ». Nous verrons également des Gauguin, des Cézanne etc. Devant chaque œuvre Delphine fait quelques commentaires succincts mais d’une grande pertinence. A travers la verrière de l’immense horloge nous avons une très belle vue sur Paris. C’est sous les lustres et le décor somptueux du restaurant du musée d’Orsay que nous partageons le repas de midi assis confortablement sur des sièges très design.

La balade en bateau Mouche nous permet un moment de détente dans un silence inhabituel… L’ordinateur qui ordinairement gère les commentaires est en  panne.

A nouveau, métro, comptage, recomptage. Seize heure trente. Visite au musée Jacquemart-André de l’exposition au titre  accrocheur « Le Pérugin Maître de Raphaël ». Le choix des œuvres de provenances très variées, est remarquable. Si le déhanchement des personnages est quelque peu dérangeant, les trois tableaux « Le Christ couronné d’épine », « La Vierge » et « Sainte Marie Madeleine » sont magnifiques. La salle consacrée au thème de la « Vierge et l’Enfant » avec un bas-relief de Verrocchio et des tableaux de Caporali, Sandro Botticelli et évidemment de Pietro Vannucci dit le Pérugin permet de comprendre comment ce dernier a réutilisé les trouvailles d’autres artistes.

La soirée est libre et un petit groupe va déguster des pizzas avec Robert.

Jeudi 4 décembre

Les valises entreposées dans la salle des bagages, Robert raconte rapidement l’histoire du Marais puis amène le groupe visiter ce quartier si chargé d’histoire : la Place des Vosges commencée sous Henri IV, rue des Francs-bourgeois, rue  Vieille du Temple, rue des rosiers, musée Carnavalet, etc. Un très grand pan des remparts de Philippe-Auguste érigé du XIIIe siècle, magnifiquement dégagé, fait forte impression et que dire de l’exceptionnel Hôtel de Sens?

Nous avons à attendre un long moment devant le portail de l’Opéra Garnier et c’est là que l’on apprend que c’est l’anniversaire d’Yves Le groupe entonne «  Joyeux anniversaire… ». La visite de l’Opéra construit sous Napoléon III peut enfin commencer. Notre très souriante guide nous dit que c’est le tout jeune architecte Francis Garnier qui remporta le concours ouvert à cette occasion, en raison du caractère très novateur de son projet. Utilisation de marbres polychromes, théâtre dans le théâtre, avec un immense escalier que ces dames montaient en faisant complaisamment admirer leurs toilettes depuis les balcons, immense salle aux lustres impressionnants, extraordinairement décorée de statues, de tableaux et de bas-reliefs, dans laquelle il fallait se montrer à l’entracte, où l’on parlait politique ou affaires. Depuis le parterre, nous admirons le plafond peint par Chagall à l’initiative de Malraux et l’on apprend que le plateau est située dans un espace de quatre-vingts mètre de hauteur dans lesquels sont placés la machinerie et les décors.

Repas chinois sympathique au restaurant « Yang Tsé ».

Arrivée au Grand Palais...

Nous retrouvons Delphine au Grand Palais pour la visite de l’exposition Okusai. Okusai a été un lien entre art pictural occidental et art traditionnel japonais. Peu apprécié au Japon car trop novateur, il a eu une influence considérable en Europe sur les impressionnistes et plus particulièrement sur Monnet. Il est à l’origine du japonisme.

Les salles se succèdent dans lesquelles sont exposées des œuvres de diverses périodes signées de noms chaque fois différents. La qualité des dessins pris sur le vif est exceptionnelle. Une vidéo remarquable nous initie à l’art de l’estampe en recréant sous nos yeux l’une des estampes les plus connues d’Okusai : le mont Fuji.


Il est encore un peu tôt pour regagner l’hôtel, nous en profitons pour faire une pause thé chocolat au pub Renault sur les Champs.

Retour à l’hôtel. Récupération des bagages, puis gare de Lyon et départ pour Montpellier.