Yves GODARD et Robert WALD

Texte : Huguette GRIMAUD

Photos : Roselyne GUIRAUD

Départ de Montpellier à 7h45 dans un bus très confortable conduit agréablement par Guy. Quinze km avant Perpignan, c'est le premier arrêt qui est consacré à la visite de la forteresse militaire de Salses, un ouvrage militaire construit entre 1497 et 1502 par les rois catholiques espagnols, Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille pour barrer l'accès du Roussillon à la France. L'appartenance du Roussillon à la France sera entérinée par le traité des Pyrénées en 1658. Cette forteresse est un exemple unique d'architecture militaire, entre château fort et bastion moderne. Une guide sympathique nous en brosse l'histoire et répond volontiers aux diverses questions techniques comme historiques.

Notre voyage nous amène ensuite à Elne d'abord pour un sympathique repas permettant de goûter à plusieurs spécialités catalanes, dans un restaurant au cadre moderne et très accueillant.

 

Notre voyage nous amène ensuite à Elne d'abord pour un sympathique repas permettant de goûter à plusieurs spécialités catalanes, dans un restaurant au cadre moderne et très accueillant.

L'après midi est consacrée à la belle cathédrale d'Elne, édifice roman du XIIe  siècle et à son magnifique cloitre bâti en marbre blanc de Céret (ville voisine), un des rares cloîtres du Roussillon à être demeuré intact sans avoir été restauré massivement. La galerie Sud (du XIIe siècle) est la plus ancienne, et, de fait, la seule à être pleinement romane. Les chapiteaux des colonnettes, les impostes des piliers, sont couverts d'une ornementation d'une grande variété: telle colonnette est revêtue d'écailles, telle autre d'entrelacs ou striée de cannelures ou creusée de sillons profonds façonnés en spirale. Certains fûts sont à pans coupés et d'autres ornés de feuillages. La galerie Est, la dernière à avoir été construite, au XIVe siècle entre 1315 et 1325, est de style gothique. 

En traversant les beaux paysages des Albères, nous rejoignons la côte et arrivons au petit port de Collioure. Berceau du Fauvisme, avec l'arrivée d'Henri Matisse et d'André Derain, lors de l'été 1905, Collioure va asseoir sa renommée de « Cité des Peintres » sur la scène internationale Une guide passionnée et passionnante, nous amène sur le « Chemin du Fauvisme », circuit dans la ville ponctué par 19 reproductions d’œuvres de Matisse et Derain réalisées à Collioure.

Une petite promenade vers la jetée est un moment agréable. La journée se termine au bord d'une belle crique, à l’hôtel des Elmes, où nous est servi un repas «gastronomique».

Le lendemain, départ matinal pour rejoindre la plage de Banyuls et les statues du sculpteur Aristide Maillol : «Ile de France» et «Jeune fille allongée». Petite conférence près de l'eau où nous nous approprions momentanément des chaises rangées là, et qui semblaient nous attendre...et Yves peut commencer sa conférence sur le sculpteur devant un public confortablement installé. 

Le bus nous amène au début d'un sentier permettant d'arriver à la fondation Dina Vierny. C'est une ancienne métairie nichée au milieu de la garrigue qui servit d'atelier au sculpteur Aristide Maillol, et où se trouvent quelques unes de ses chefs œuvres. Il est enterré là, dans le jardin sous le socle de l’un des ses chefs-d’œuvre, «Méditerranée». Il règne dans ce lieu un climat d’une profonde sérénité. L’artiste et son modèle Dina Vierny, y travaillèrent durant dix années.

C'est ensuite dans la cave Berta Maillol qu'un petit cousin d'Aristide Maillol lui même, au verbe persuasif et haut en couleur, nous apprendra tout des secrets de l'élaboration des «banyuls» et nous convaincra après dégustation, d' acquérir quelques bouteilles....

Repas pris ensemble sur le port à la terrasse d' un restaurant bien ombragé.

Route vers Céret et en chemin, arrêt à St Genis des Fontaines pour la visite du cloitre

Le cloître de St Genis des Fontaines a été construit au XIIIème siècle. Sa spécificité se caractérise par la polychromie de ses marbres, le blanc de Céret, le rose de Villefranche de Conflent et le noir des Corbières Roussillonnaises. Les motifs des sculptures sont variés : faune et flore locales, sujets allégoriques et scènes liturgiques.

Le linteau, en marbre blanc de Céret, est la première sculpture Romane portant une date dans la pierre. Elle est indiquée dans les deux lignes en latin : «La vingt-quatrième année du règne du Roi Robert, Guillaume abbé par la Grâce de Dieu, ordonna de faire cette oeuvre en l'honneur de Saint-Genis au monastère que l'on appelle des Fontaines».

En 1850, l'église abbatiale devient l'église paroissiale du village.1922-1924 : ces années sont marquées par la vente d'une grande partie des colonnes du cloître à un antiquaire parisien. Il est démantelé. Le quart Sud-est est resté sur place et a été classé monument historique en 1924.

De 1970 à 1985, la Municipalité de Saint-Genis-des-Fontaines entreprend la recomposition de son Patrimoine culturel avec le concours de l'ASVAC (Association pour la Sauvegarde des Valeurs Archéologiques et Culturelles). Grâce à des efforts conjugués et persévérants, les pierres sont réinstallées à leur emplacement originel (in situ). À partir de 1987, d'importants travaux de restauration on été réalisés et ont permis de reconstituer voûtes, plafonds et arrêtes d'angle du déambulatoire inférieur.

L'année 2002 a vu la restauration du déambulatoire supérieur qui, aujourd'hui transformé en "Galerie Culturelle", accueille des artistes de renom.

 

Nous nous rendons ensuite à Céret pour visiter le musée d'art moderne. Il est le fruit des passages et des séjours des plus grands artistes du 20ème siècle dans la ville et ses alentours : Picasso, Braque, Gris, Soutine, Chagall, Herbin, Matisse, Masson, Krémègne puis Miró, Tàpies, Viallat, Toni Grand, Bioulès... Du Cubisme à l'Ecole de Paris, du Nouveau Réalisme à Support-Surface, la collection présente un panorama exhaustif de l’art du siècle passé. Céret, nommée par André Salmon « Mecque du Cubisme » a acquis sa renommée après le passage de Picasso et de Braque. Dali lui-même vient y inscrire sa marque par une «folle journée» en août 1965.

En prise directe avec les mouvements des années 60-70 le musée accueille d’autres artistes : Claude Viallat, le critique d’art Jacques Lepage et Claude Massé, lancent Impact I. En 1966 les happenings se succèdent dans les rues de la ville et les créations revendicatives de la nouvelle génération sont exposées : Arman, Ben, Buren, Vincent Bioulès, Joël Kermarrec, Pierre Buraglio, Niele Toroni, Michel Parmentier…

Pour la première fois dans le Sud de la France sont réunis des artistes de la Catalogne, de la région de Nice et de Paris dont les œuvres marqueront par la suite certains des grands mouvements de l’art contemporain comme BMPT ou Supports-Surfaces. En 1972 Impact II réunira aussi Louis Chacallis, Max Charvolen, Christian Jaccard, Noël Dolla, Joël Desbouiges, Fisher, Annette Messager, Patrick Jude…

La collection contemporaine reflète ces événements mais s’attache aussi à représenter la création artistique actuelle. Elle est étayée par d’importants dépôts de collectionneurs privés dont celui, en 1989, du critique d’Art Pierre Restany, pierre angulaire du Nouveau réalisme. Suivront ceux d’Yves Michaud (professeur de philosophie et ancien directeur de l’Ecole nationale des Beaux-arts) et de Jean-Pierre Alis (fondateur de la Galerie Athanor à Marseille) à la fin des années 90.

Entre 1950 et 1957 Picasso et Matisse font don de pièces exceptionnelles dont une série unique de 28 coupelles en céramique sur le thème de la corrida pour Picasso et 14 dessins réalisés lors de son séjour dans le port de Collioure en 1905 pour Matisse

De sa période moderne à sa période contemporaine le fonds du musée de Céret est profondément marqué par le lien sentimental qu’entretiennent les artistes et les donateurs.

 

Fin du voyage, nous reprenons notre confortable bus qui nous amènera à Montpellier

vers 18 h.