LA TOSCANE BUISSONNIERE. Du 5 au 11 Septembre 2016

Voyage accompagné par Françoise ROUDIL et Monique FABRE

Textes : F. ROUDIL. Photos : F. ROUDIL et R. WALD

Montage du site : M. FABRE, F. ROUDIL et R. WALD

 

 

 

 

Lundi 5 septembre 2016 : Montpellier - Poggibonsi

 

Avec Guy au volant, le trajet de Montpellier à Poggibonsi se déroule sans histoire, hormis une Thélémite perdue dès le 1° arrêt près d’Aix ! Les organisatrices occupent un peu le trajet en contant l’histoire et les aspects particuliers de la Toscane. A l’arrivée, malgré un gros orage, les plus intrépides mettent à jour les trésors proches de l’Hôtel Alcide (vêtements, librairie, pharmacie….) !

 

 

Mardi 6 septembre 2016 : Le Val d'Elsa

 

Nous le découvrons à travers 2 de ses villes emblématiques. D’abord Colle di Val d’Elsa qui s’est bien développée au moyen-âge grâce à la Via Francigena, importante voie de pèlerinage allant de Canterbury à Rome.

 

Guy nous laisse devant l’imposante Porta Nuova, dans la partie haute et médiévale de la cité et guidés par Monique et Françoise, nous parcourons la longue rue centrale bordée de nombreux palais, églises, fontaines originales.

 

 

 

 

Nous évoquons les figures de Sapia Salvani sur le bastion qui porte son nom et où le cristal est déjà présent, de l’architecte Arnolfo di Cambio (13e s) devant sa maison-tour, du peintre Pier Francesco Fiorentino (15e s) en admirant son retable.

 

Pour rejoindre Colle Bassa, nous empruntons l’ascenseur réalisé par Jean Nouvel en 2006, lors des travaux de modernisation de la ville.

 

Au 19e s Colle Bassa devient un important centre industriel grâce à la canalisation de l’Elsa. Se développent alors les fabriques de papier (cartiere) et le cristal qui est encore très important aujourd’hui, puisque Colle fabrique actuellement 15 % de la production mondiale.

 

Maintenant la ville basse est résolument tournée vers le contemporain. Pour preuves : le Musée du Cristal (Jean Nouvel), la banque MPS ou Palazzo Michelucci et la rénovation de la Piazza Arnolfo par Daniel Buren entre autres.

 

Mais nous visitons aussi l’église Sant’Agostino (14e s) qui compte quelques œuvres d’art.

 

Guy nous attend tout près de là et nous conduit aussitôt à Certaldo. Il laisse son bus dans la ville basse (2 parties là aussi) et prend le funiculaire avec nous pour gagner Certaldo Alto et en premier lieu le restaurant Il Castello pour la pause déjeuner. Elle traîne d’ailleurs en longueur, mais ce n’est pas désagréable dans ce joli jardin.

 

Rencontre avec le guide....

L’après-midi largement entamée, nous suivons le jeune et intéressant Nicola à travers la petite ville.

Visite de la maison de Boccaccio (1313-1375), l’auteur du Décaméron, et montée dans la tour qui offre une belle vue, notamment sur les maisons-tours de San Gimignano.

 

Après la visite de l’église Santi Jacopo e Filippo qui renferme la sépulture de Boccace,

 

nous allons au Palazzo Pretorio où chacun est attentif aux explications de Nicola et d’où l’on a une belle perspective sur la rue principale du bourg.

 

Dans le Palais, des fresques intéressantes bien qu’endommagées et un « tabernacolo » (oratoire) de Benozzo Gozzoli remonté de la ville basse, restauré et donc sauvé.

 

Retour à Poggibonsi sous la pluie, mais trop tard … pour le shopping !

 

Mercredi 7 septembre 2016: Les Crete Senesi

De calanchi en biancane, les Crete Senesi, ces terres argileuses de la région de Sienne, déroulent sous nos yeux leur étonnant paysage : coteaux arides et lunaires, fermes massives sur les hauteurs, cyprès omniprésents…. Ces Crete figurent sur la célèbre fresque d’Ambrogio Lorenzetti, Les Effets du bon gouvernement (1338-1339), visible au Palazzo Pubblico de Sienne.

 

Les routes sinueuses de la région nous mènent jusqu’à l’Abbaye de Monte Oliveto Maggiore, située, elle, dans un site verdoyant et arboré. C’est là que s’installe en 1313 Bernardo Tolomei pour se consacrer à la vie contemplative et fonder la congrégation bénédictine des Olivétains. Les 2 céramiques d’Andrea della Robbia (La Vierge et Saint-Benoit) sur la porte fortifiée nous invitent à pénétrer dans ce domaine sacré.

 

La visite se fait sous la conduite de la sympathique Luise qui nous accompagnera dans 3 autres lieux. Nous prenons bien le temps d’admirer les remarquables fresques du cloître peintes par le Sodoma et Signorelli (15e-16e s) pour illustrer la vie de Saint-Benoit. Les détails méritent d’être vus de près !

 

Rien ne nous échappe non plus du Réfectoire, de la Bibliothèque, de la Pharmacie, de l’église où se prépare la fête de la naissance de la Vierge. Sylvette B. aide d’ailleurs à sa façon et en est récompensée.

 

Le repas au restaurant voisin se termine par une délicieuse « torta della nonna ». L’occasion de lire un extrait de « Sous le soleil de Toscane » de Frances Mayes tout en roulant vers San Quirico d’Orcia.

 

Luise nous guide dans ce gros village perché, une des étapes sur la Via Francigena. Elle nous mène d’abord à la Collegiata (12e – 13e s) et détaille les différents portails romans agrémentés de lions stylophores, animaux fantastiques et colonnes nouées. A l’intérieur, retenons le triptyque de Sano di Pietro.

 

Nous entrons ensuite dans l’église San Francesco, plus connue sous le nom d’église de la Madonna di Vitaleta, en raison de la statue attribuée à Andrea della Robbia qui trône sur l’autel depuis 1870.

 

Petit tour dans les Horti Leonini, bel exemple de jardin à l’italienne, et bref moment de liberté avant de remonter dans le bus pour ….. une surprise !

 

Françoise, en effet, conduit le groupe à la Chapelle de la Madonna di Vitaleta, « ma chapelle » comme elle la nomme depuis qu’elle l’a découverte sur des photos d’abord, puis réellement en 2013. C’est une chapelle que Françoise adore pour sa simplicité et ses quelques cyprès, mais aussi pour sa situation : au milieu de nulle part. On la rejoint par une « strada bianca » (route non goudronnée, aïe ! le bus !), puis à pied. Elle doit son nom à la statue vue à San Quirico qu’elle abritait précédemment.

 

Moment intense où la photo de groupe s’impose !

Nous filons ensuite à Sant’Albino di Montepulciano pour prendre nos chambres à l’Hôtel Tre Stelle. L’arrivée et l’installation s’avèrent un peu difficiles, car 3 personnes sont logées dans un autre établissement. 2° surprise de la journée ! Tout finit par s’arranger. La gentillesse et la disponibilité du personnel et des serveuses dans ce petit hôtel familial  seront très appréciés.

 

 

 

Jeudi 8 septembre 2016 : Montepulciano

Aujourd’hui, journée sans bus ! Repos pour Guy. Nous expérimentons donc les transports locaux. L’arrêt du car de la ligne régulière Chiusi-Montepulciano est devant l’hôtel.

 

Nous retrouvons Luise à l’arrivée et allons aussitôt visiter l’église San Biagio, chef-d’œuvre d’Antonio da Sangallo l’Ancien, inspiré des dessins de Bramante pour Saint-Pierre de Rome. C’est un édifice Renaissance très harmonieux à l’extérieur, même si un des 2 campaniles prévus n’a pas été achevé.

 

L’harmonie se vérifie aussi à l’intérieur où les volumes respectent la symétrie de la croix grecque.

 

La parfaite acoustique du lieu est testée par Colette qui nous offre un joli chant.

Comme cette église San Biagio est isolée en contrebas de la ville, nous prenons une navette pour nous éviter une montée pénible. Avec le petit bus orange nous plongeons dans le quotidien des habitants ! Conduite sportive du chauffeur dans le dédale des rues escarpées ! Se cramponner ! Cette navette nous dépose Piazza Grande, point le plus élevé de la colline et centre de la cité depuis le Moyen Age.

 

 Nous y voyons le Palazzo Comunale, le Palazzo Contucci et le puits Renaissance dus à Antonio da Sangallo l’Ancien. Le Duomo également, à la façade un peu austère puisque jamais revêtue du marbre prévu. A l’intérieur, à remarquer notamment Le Triptyque de l’Assomption de Taddeo di Bartolo (1401).

 

De la terrasse du Palazzo Ricci, renommé pour sa cantina (cave), belle vue sur San Biagio, le cimetière, le paysage environnant.

 

La promenade se poursuit dans les rues resserrées et pentues. Nombreux palais, Eglise Sant’Agostino, Torre di Pulchinella (1524), Palazzo Bucelli  avec ses vestiges antiques incrustés dans la façade….

 

 

Enfin, au bout de la ville, la colonne du Marzocco qui a remplacé en 1511 la louve siennoise pour signifier que la République florentine imposait définitivement sa loi sur la cité. C’est là que se trouve la ligne de départ du Bravio delle Botti, la course folle des représentants des 8 contrade qui poussent devant eux des tonneaux de 80 kg.

 

Après un déjeuner et un temps libres, le groupe se reforme pour une autre surprise : un moment de convivialité sur la terrasse panoramique du Caffè Poliziano, le café historique de la ville fréquenté jadis par Pirandello, Malaparte ou Fellini. Nous nous retrouvons autour de la spécialité toscane : le vino santo dans lequel on trempe les cantucci, biscuits croquants aux parfums variés, ici faits maison. Les organisatrices en profitent pour remettre à chacun un petit souvenir : un marque-page portant la photo de …. LA Chapelle que Françoise se fait un plaisir de dédicacer à tous !!

 

Après quoi, nous descendons à pied vers la gare routière pour retrouver notre ligne préférée Montepulciano-Chiusi et rentrer au bercail. Il ne s’agit pas de manquer le bus de 18 h 30 !!

 

Vendredi 9 septembre 2016 : le Val d'Orcia

Nous repartons en sens inverse pour explorer le Val d’Orcia, déjà entamé mercredi après-midi. Dans cette autre mini-région le paysage a été délibérément façonné à la Renaissance pour des raisons esthétiques et pour respecter les idéaux de justice sociale, de bon gouvernement et de vie en harmonie avec la nature. C’est pour cela qu’il est classé par l’Unesco depuis 2004.

 

Nous prenons Luise en passant à Montalcino. Direction l’Abbaye de Sant’Antimo, nichée au coeur d'un paysage typiquement toscan où prospèrent vignes, cyprès et oliviers séculaires. Sa fondation est généralement attribuée à Charlemagne. A partir du 11e s, elle s’enrichit grâce  à la proximité de la Via Francigena  et au 12e s, on édifie une nouvelle église abbatiale pour remplacer l’ancienne chapelle carolingienne  encore visible aujourd’hui.

 

On peut découvrir sur cette très belle église romane divers bas-reliefs représentant notamment les animaux fantastiques du bestiaire médiéval.

 

L’intérieur, qui abrite plusieurs fresques et un grand crucifix en bois, reste cependant d’une grande sobriété. De beaux chapiteaux aussi, dont celui représentant  Daniel dans la fosse aux lions, œuvre de l’artiste connu sous le nom du  Maître de Cabestany.

 

En 1979, l’Abbaye reprend vie grâce à une communauté très active de moines proches des Prémontrés, mais fin 2015 ils sont transférés à …. Saint-Michel de Frigolet, près d’Avignon.

 

 

 

Avant de nous quitter définitivement, Luise tient à nous montrer à Montalcino une fresque restaurée dans un lieu municipal et un panorama sur la plaine alentour. Après quoi, temps libre pour déjeuner et découvrir la cité.

 

On ne le sait pas forcément, mais la Toscane est la 1ère  région d’Italie en nombre de stations thermales. Il est donc logique de nous rendre à Bagno Vignoni, village de 30 habitants où la place principale est …. une vasque de 49 m de long sur 29 de large où les eaux surgissent à 52° ! Catherine de Sienne, qui pour toute nourriture « suçotait des salades » (dixit Michèle Borie), trouvait là non pas un époux selon le vœu familial, mais un autre moyen « per mortificare la carne » ! D’autres venaient s’y soigner, tels Laurent le Magnifique, le pape Pie II ou encore … Montaigne.

 

La loggia et la chapelle, l’église, nous regardons tout.

 

Puis, nous suivons les petits ruisseaux formés par le trop-plein du bassin, jusqu’au bord de la falaise où Monique explique que Bagno Vignoni fut jusqu’en 1950 un des pôles meuniers du territoire siennois, avec 4 moulins construits sur les contreforts de l’escarpement rocheux. Ces moulins fonctionnaient toute l’année grâce au débit constant des eaux thermales.

 

Après quoi, Monique et Françoise tentent d’entraîner le groupe dans leur sillage pour descendre la pente jusqu’aux « thermes libres » en suivant les ruisseaux et en repérant les moulins restaurés  récemment. Seules 6 Thélémites accepteront : les 2 Danièle, Joëlle, Monique B., Joyce et Sylvette O. Bravo à elles !

 

Il est 17 h. Du Val d’Orcia, nous devons gagner le Chianti et prendre de la hauteur pour le dernier lieu de séjour, l’Hôtel Casafrassi, à quelques kilomètres de Castellina. Ouille, ouille, ouille !!!! Guy n’est pas content, des poubelles l’empêchent de tourner, passera-t-il au portail, arrivera-t-il en haut ? Les organisatrices sont dans leurs petits souliers…. Manœuvres, marches arrière et avant, bref … nous y sommes. Et là ….  la campagne, les vignes, les cyprès, les cinta senese (un d’ailleurs a poursuivi Guy !) que nous goûterons le soir. Bref, calme, beauté et sérénité.

 

Samedi 10 septembre 2016 : Castellina in Chianti

Le petit déjeuner sur la terrasse nous ravit et nous met en forme pour la dernière journée de visites.

 

Les origines étrusques de Castellina (7e-6e s avant notre ère) sont évoquées par Monique devant l’Hypogée étrusque du Monte Calvario. Cette tombe contient 4 chambres funéraires orientées vers les 4 points cardinaux et auxquelles on accède par un long couloir. Ce tumulus a même inspiré un projet de mausolée à Léonard de Vinci.

 

Nous nous rendons ensuite à 3 ou 4 kms de là, dans la propriété viticole de Rocca delle Macie. La visite guidée prévue en français est en fait en italien et c’est Arlette qui assure brillamment la traduction simultanée. En visitant la cave, nous apprenons tout sur la fabrication et les classifications des vins du Chianti,  surtout les « riserva » et les « classico » qui portent l’image du Gallo Nero (le coq noir dont Monique a conté la légende) sur le goulot de la bouteille. Bouteille de forme bordelaise et plus l’antique fiasco entouré de paille !

 

Nous passons ensuite dans la salle de dégustation pour tester 3 vins.

 

Après cela nous gagnons, plus loin,  une autre partie du domaine pour y prendre le déjeuner. Et nous suivons les conseils très appuyés des personnes de l’azienda : au lieu de passer par Castellina, nous faisons 15 kms …. par Poggibonsi. Et Poggibonsi devient brusquement une ville de cauchemar : rond-point maintes fois pris, diverses routes tentées, destination introuvable. Grand silence du groupe et moment de solitude pour le trio de tête : 3 paires d’yeux sont rivées au GPS, aux panneaux, à la carte, au plan ….. Heureusement, la petite route étroite menant à Fizzano est enfin repérée. Mais à l’arrivée il faut encore que le bus puisse « descendre » sur la strada bianca ! Délicates manœuvres dirigées par Monique !

 

Le bus n’ira pas plus loin et tout le groupe  monte les 800 m à pied sous le chaud soleil. Pas sûr que chacun ait apprécié le paysage environnant. Quel dommage !

 

 

 

Le restaurant est installé dans une de ces anciennes fermes perchées au sommet d’une colline  (comme Casafrassi), l’ensemble est bien restauré et le personnel accueillant. Un serveur ramènera même au bus ceux qui marchent difficilement. Il est bien agréable de manger dehors.

 

Nous reprenons la route de Poggibonsi sans problème cette fois et revenons à Castellina pour une courte visite de la ville. Nous parcourons d’abord la Via delle Volte qui passe sous les palais et qui permettait autrefois de faire le tour de la forteresse à cheval. Ensuite la Via Ferrucio, rue principale et commerçante. Mais ici, les caractéristiques architecturales sont beaucoup plus modestes que dans les premières cités visitées.

 

Quelques sculptures contemporaines agrémentent les rues.

 

Monique et Françoise, ferventes admiratrices, ne peuvent manquer d’évoquer la maison de Léo Ferré toute proche, mais inaccessible avec le bus. Le chanteur est d’ailleurs présent par affiches interposées, puisqu’une expo a lieu à la Forteresse pour le centenaire de sa naissance.

 

Dimanche 11 septembre 2016 : Castellina in Chianti - Montpellier

Après un dernier petit déjeuner sur la terrasse, nous prenons le chemin de Montpellier. Le retour est bien occupé. La lecture du texte d’Alexandre Dumas sur les moustiques en Italie plaît beaucoup, surtout à ceux qui ont subi leurs assauts. Guy nous fait une jolie surprise : il nous passe les 3 documentaires très intéressants qu’il a enregistrés sur la Toscane. Et puis, Colette, Joëlle et Vicki nous prouvent leurs talents d’écrivains-poètes par leurs textes savoureux.

 

 

 

 

Nous avons "buissonné" joyeusement ! Ciao bella Toscana. A presto.