JOURNEE "LE BONHEUR EST A MONTAGNAC"

SAMEDI 28 AVRIL 2012 Avec YANN LLOPIS et JEAN-LOUIS ROUSSEL

Accompagné par Jean-Louis Roussel, toujours très en verve, le voyage de Montpellier à Montagnac se déroula sans encombre mais à notre arrivée à Montagnac le temps était maussade et ils furent nombreux à s’interroger pour savoir s’il fallait prendre vêtements et parapluies ; En fait les cieux furent cléments et après-midi et soirée purent se dérouler dans les meilleures conditions.

Notre guide, Yann Llopis, professeur d’histoire, nous attendait à la descente du car et la visite de la ville médiévale commença par le quartier assez délabré de l’Isles d’Orléans. Juché sur un massif maçonné à l’origine incertaine, Yann Llopis nous raconta à grands traits l’histoire de sa ville.

 

De nombreuses fouilles archéologiques permettent d’affirmer que le site a été occupé par l’Homme dès le 3ème millénaire avant notre ère et la terminaison AC de Montagnac laisse à penser que le bourg s’est développé sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine.

En 938, l’existence de Montagnac est attestée et, dès le Moyen-âge, Montagnac se dote de remparts, de fossés, de cinq portes défensives et enfin d'une église fortifiée.

Aux XII et XIIIèmes siècles, le pouvoir est partagé entre les évêques d'Agde et les consuls.

En 1234, date très importante pour Montagnac, la ville fait allégeance à Saint-Louis et acquiert le statut de ville royale. Elle obtient alors par privilèges royaux, le droit d’organiser des foires et un grand marché le vendredi. Ce sont ces foires qui vont assurer la prospérité de la ville jusqu’à la fin du XVe siècle.

Avec beaucoup de sagesse les consuls de Montagnac et de Pézenas se mettent d’accord pour étaler les foires l’année durant et c’est ainsi que Montagnac va pouvoir organiser trois foires par an d’une dizaine de jours chacune. Ces foires étaient très importantes et l’on venait souvent de très loin pour y participer : non seulement de la région, mais de la France entière et même de l’étranger, de Flandre par exemple. Cette prospérité va progressivement décroître en raison de l’insécurité engendrée par la guerre de cent ans.

Puis ce sont les guerres de religion qui vont durement éprouver Montagnac acquis au protestantisme. Il s’en suivra de vives tensions entre catholiques et protestants aux XVIIe et XVIIe siècles.

La révolution n’entraîne pas de violence mais est marquée par la destruction des archives paroissiales.

A partir du début du XIX e siècle le pays connaît un regain de prospérité grâce à la culture de la vigne.

 

C’est la richesse accumulée du XIIIe au XVe siècle par les foires qui a permis la construction des premiers hôtels particuliers dont le nombre, les dimensions, la richesse architecturale surprennent dans un bourg de quelques milliers d’habitants; En période de foire, la population enflait considérablement et il fallait bien loger les marchants et entreposer leurs marchandises. Par la suite, ce sont de puissants seigneurs : fermiers royaux, conseillers du roi qui ont fait construire d’autres hôtels ou aménager des hôtels existants. Ce sont ces hôtels que nous sommes maintenant conviés à aller visiter.

 

 

Nous commençons la visite par le quartier de l’ISLE D’ORLEANS Rue Malirat qui date de 1587 dans lequel nous nous trouvons déjà.

L’ensemble des habitations est organisé autour d’une cour carrée. L’hôtel, autrefois maison des consuls, possède un bel escalier à claire-voie comportant quatre baies ; C’est le premier escalier de ce type en Languedoc. La cour est dotée, elle, d’un escalier à volées parallèles ouvert sur cour ainsi que d’une paire d’arcs soutenus par un pilier à chapiteau toscan. Dans un angle se trouve un puits couvert du XVIIème surmonté d’une gargouille.

 

A l’angle de la Rue Malirat et de la Grand’Rue Jean Moulin, se trouve une surprenante lampe à huile en pierre. Installée au XVème siècle, la lanterne permettait de surveiller le carrefour pendant le passage des Grandes Compagnies. Ce quartier s’appelait « le coin de fainéants » car avant 1789, les notables s’y réunissaient pour bavarder ou lire la Gazette d’Avignon.

 

Nous nous sommes arrêtés ensuite devant la FONTAINE DU GRIFFE Rue Jean Moulin. Au Moyen Âge, seuls les riches particuliers avaient le droit de disposer d’un puits, le reste de la population devait puiser son eau aux puits communaux. Les aménagements de la fontaine actuelle datent du milieu du XVIIe siècle. La fontaine « des deux griffons » laisse aujourd’hui apparaître le blason de Montagnac indiquant qu’il y eu une coseigneurie ainsi que le faisceau et le bonnet phrygien ajoutés au moment de la Révolution.

Nous nous sommes ensuite rendus, en empruntant des ruelles moyenâgeuses, devant divers hôtels.

 

L’HÔTEL DE PEGAT Rue Montbel.

Cet hôtel fut propriété de Jacques Pégat au XVIIe siècle. Jacques Pégat, Sieur de Brignac, fermier royal, fit réaménager le rez-de-chaussée qui comporte un beau portail à bossages. Au deuxième étage, deux fenêtres à meneaux du XVème, magnifiquement décorées, surmontées d’un larmier; La partie rattachée au premier hôtel en 1606 se compose elle aussi de fenêtres à meneaux mais du XVII ème et laisse apparaître la trace de baies plus anciennes. L’hôtel surprend par la longueur de sa façade ce qui lui a permis de posséder trois portes pour les écuries, ce qui est exceptionnel.

La maison fut occupée par les Dames de St Maur des Ecoles Chrétiennes, puis devint hôtel de ville et rendue sous Napoléon Ier aux Dames de St Maur.

 

L’HÔTEL DE BRIGNAC Rue Lafayette.

Actuellement propriété de la famille des Surgelés Picard. Cet hôtel date du XVème. Il a été propriété de Jacques Pegat. Comme le précédent il possède des fenêtres à meneaux surmontées de larmiers. Les fenêtres des cuisines donnant sur la rue permettaient de réceptionner aisément les marchandises. On pénètre dans la cour par un porche d’entrée du XVème.

La demeure s’ordonne autour d’une cour au fond de laquelle se trouvaient les écuries ; à l’angle de la cour une tour ou se loge un escalier en vis desservant un ensemble de galeries aujourd’hui obstruées.

La maison possède un jardin. Au 1er étage, la façade donnant sur celui-ci est doté de « loggias » pièces voûtées, spacieuses qui constituaient un véritable magasin de vente pendant les foires. La pièce d’apparat ouvrant sur la loggia possède un splendide plafond du XVème dont le cloisonnage est entièrement décoré de blasons, de scènes figurées, d’animaux fantastiques etc. Cette pièce aurait hébergé Louis XI alors dauphin.

 

 

L’HOTEL DE JEAN DE RAT, rue Lafayette

Cet hôtel du XVIIe siècle fut construit par Jean de Rat, Conseiller du Roi, receveur des tailles, sur l’emplacement d’une ancienne demeure. Le portail monumental à bossage droit chanfreiné possède encore une imposte d’origine en bois, une belle frise et deux chérubins sans ailes ; au 1er étage, sur la droite, un bandeau mouluré est le témoin de la façade du XVème ; aux étages on devine un ensemble de baies remaniées.

 

L’HÔTEL PHILIPPE DE RAT, rue Lafayette

Cet hôtel porte la marque, par son caractère très dépouillé, du protestantisme de son propriétaire. Il hébergea la confrérie des sœurs noires.

Nous nous sommes ensuite rendus sur la place Emile Combes devant l’église Saint-André écouter un beau concert donné, pour nous, par les « Hautbois du Languedoc ».

 

EGLISE SAINT ANDRE autrefois Notre-Dame

L’église surprend par ses dimensions importantes et par ses éléments défensifs : donjon, mâchicoulis, créneaux, chemin de ronde, ce qui s’explique par son intégration aux défenses de la ville. Avec son clocheton, elle atteint uns hauteur de 55 m ce qui en faisait une remarquable tour de guet.

 

 

Vers 18h nous étions au rendez-vous dans les lieux où se tenaient les diverses manifestations du PRINTEMPS DU GOÛT : Hautbois du Languedoc, chorale, dégustation de vins, jeux olfactifs et gustatifs.

La soirée s’est poursuivie par un repas agréable au cours duquel nous avons pu apprécier plusieurs vins du terroir régional.

Ainsi se termina cette enrichissante journée montagnaquoise et se fut le retour à Montpellier.

 

Gisèle Massaguié et Yves Godard